Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/128

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cit, je le pénètre de mon innocence, il la croit, un jour rendu à mon époux, il lui dira ce que j’ai souffert, à qui m’adresserais-je si je ne l’avais plus… ô Camille ne m’enlevez pas ce trésor.

Les ordres étaient précis, il fallut les exécuter ; le portrait s’arrache de force, et Laurence s’évanouit. Tel est l’instant où Charles ose venir contempler sa victime… la perfide, s’écrie-t-il, en tenant dans ses mains le portrait qu’on vient de I lui remettre… le voilà donc l’objet qui captive son cœur… qui l’empêche de se rendre à moi, et jetant au loin ce bijou ; mais que dis-je, hélas ! que fais-je Camille ? Sera-ce en la tourmentant que je pourrai fléchir sa haine ?… Comme elle est belle… et comme je l’idolâtre… ouvre les yeux Laurence, ose croire un moment ton époux à tes pieds, laisse-moi jouir de l’illusion… Camille, pourquoi ne saisirais-je pas cet instant ?… qui empêche ?… Non, non je veux exciter son courroux encore mieux, ne pouvant allumer son amour. Elle ne serait pas