Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mette encore en usage ; elle développe près de sa jeune maîtresse la plus adroite éloquence du crime, mais sans réussir ; Laurence persiste à demander la mort, et seulement quelques secours religieux, si l’on veut les lui accorder. Charles prévenu par Camille, ose rentrer dans ce lieu d’horreur. Plus de pitié, dit-il à sa victime, mais apprends que tu ne périras pas seule ; il est là ton indigne époux, et le sort qui l’attend, est le même que celui qui va t’arracher la vie, sa mort précédera la tienne ; adieu, tu n’as plus qu’un instant à vivre… il se retire.

Dès que Laurence est seule, elle se livre aux égaremens les plus affreux… Cher époux, s’écrie-t-elle, tu mourras, mon bourreau me l’a dit ; mais ce sera du moins près de moi… tu sauras peut-être que j’étais faussement accusée ; nous volerons ensemble aux pieds d’un Dieu qui nous vengera ; si le bonheur n’a pu luire à nos yeux sur la terre, nous le retrouverons dans le sein de ce Dieu juste, toujours ouvert aux malheureux… Tu m’aimes, Antonio, tu m’aimes en-