Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/135

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quarante années que la Toscane put jouir de l’orgueil de posséder encore dans son sein une femme, à la-fois si belle, si vertueuse, et si digne à tant de titres, de l’amour, du respect, et de la vénération des hommes.

NOTE.

C’est peut-être faire quelque plaisir aux amateurs de la poésie italienne, que de rétablir en entier ici le 57e. sonnet de Pétrarque, dont nous n’avions pu adapter que la moitié à notre sujet ; on y verra que les premiers vers de ce sonnet prouvent la vérité de la note placée au bas, c’était à l’occasion de ce sonnet que le Vasari disait :

« Quel bonheur pour un peintre, quand il peut se rencontrer avec un grand poëte ; il lui fera un petit portrait qui ne durera qu’un certain nombre d’années, parce que la peinture est sujette à toute sorte d’accidens, et il aura pour récompense des vers qui dureront toujours, parce que le temps n’a point de prise sur eux ; Simon fut fort heureux de trouver Pétrarque à Avignon. Un portrait de Laure lui a valu deux sonnets qui le rendront immortel, ce que toutes ses peintures n’auraient pu faire. »

Et voilà comme dans le siècle de la renaissance des arts, ceux qui les cultivaient, savaient établir entre eux une juste hiérarchie et se rendre une mutuelle justice ; trouverait-on cette bonne-foi… cette précieuse candeur aujourd’hui ?

Voici le sonnet dont il s’agit, avec une traduction littérale en vers français ; elle est bien loin d’atteindre à son original ; mais les gens de lettres savent que la poésie italienne ne se traduit point.