Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/144

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pondit-il. — Vous m’étonnez. — Il est bien heureux d’être ici, cette tolérance de notre souverain pourrait se comparer à la générosité d’Auguste envers Cinna. Cet homme que vous venez de voir, est le comte Oxtiern, l’un des sénateurs le plus contraire au roi dans la révolution de 1772[1]. Il s’est rendu depuis que tout est calme, coupable de crimes sans exemple. Dès que les loix l’eurent condamné, le roi se ressouvenant de la haine qu’il lui avait montré jadis, le fit venir, et lui dit : « Comte, mes juges vous livrent à la mort… vous me proscrivîtes aussi il y a quelques années, c’est ce qui fait que je vous sauve la vie ; je veux, vous faire voir que le cœur de celui que vous ne trouviez pas digne du trône, n’était pourtant pas sans vertu ». Oxtiern tombe aux pieds de Gustave, en versant un torrent de larmes ; je voudrais qu’il me fût possible de vous

  1. Il est bon de se rappeller ici, que dans cette révolution le roi était du parti populaire, et que les sénateurs étaient contre le peuple et le roi.