Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/200

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cruelle scène ne se passa pas sans le plus vif attendrissement.

Ô ma chère Ernestine, dit Herman en pleurs, je vous quitte, et j’ignore quand je vous reverrai, vous me laissez avec une ennemie cruelle… avec une femme qui se déguise, mais dont les sentimens sont loin d’être anéantis ; qui me secourrera dans les tracasseries sans nombre dont va m’accabler cette mégère ?… Quand elle me verra surtout plus décidé que jamais à vous suivre, et que je lui aurai déclaré que je ne veux jamais être qu’à vous… et vous-même où allez-vous, grand dieu ?… sous la dépendance d’un homme qui vous a aimé… qui vous aime encore… et dont le sacrifice est bien douteux ; il vous séduira, Ernestine, il vous éblouira, et le mal-heureux Herman abandonné, n’aura plus pour lui que ses larmes. Herman aura toujours le cœur d’Ernestine, dit mademoiselle Sanders, en pressant les mains de son amant, peut-il jamais craindre d’être trompé avec la possession de ce bien ? Ah ! puissai-je ne le jamais perdre,