Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

logis, et le traînent ignominieusement dans la prison des scélérats, aux regards même de la féroce créature qui le perd, et qui semble jouir, en le conduisant des yeux, de l’excès du malheur où sa rage effrénée vient d’engloutir ce misérable.

Eh bien ! dit Herman, en se voyant dans le séjour du crime… et trop souvent de l’injustice, puis-je défier le ciel à présent, d’inventer des maux qui puissent déchirer mon âme avec plus de fureur ? Oxtiern… perfide Oxtiern, toi seul a conduit cette trame, et je ne suis ici que la victime de la jalousie, de tes complices et de toi… Voilà donc comme les hommes peuvent passer en un instant, au dernier degré de l’humiliation et du malheur ! j’imaginais que le crime Seul pouvait les avilir jusqu’à ce point… Non… il ne s’agit que d’être soupçonné pour être déjà criminel, il ne s’agit que d’avoir des ennemis puissans pour être anéanti ! mais toi, mon Ernestine… toi dont les sermens consolent encore mon cœur, le tien me reste-t-il au moins