Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/221

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nistres ; cette considération flattait son orgueil, elle le faisait patienter sur les promesses du comte, qui ne cessait de lui dire que quelque bonne volonté qu’il eût de l’obliger, tout était fort long à la cour.

Ce dangereux suborneur qui, s’il eût pu réussir d’une autre manière que par les crimes qu’il méditait, se les fût peut-être épargné, essayait de revenir de tems-en-tems au langage de l’amour, avec celle qu’il brûlait de corrompre.

Je me repens quelquefois de mes démarches, disait-il un jour à Ernestine, je sens que le pouvoir de vos yeux détruit insensiblement mon courage ; ma probité veut vous unir à Herman, et mon cœur s’y oppose ; ô juste ciel ! pourquoi la main de la nature plaça-t-elle à la fois tant de grâces dans l’adorable Ernestine, et tant de faiblesse dans le cœur d’Oxtiern, je vous servirais mieux si vous êtiez moins belle, ou peut-être aurais-je moins d’amour, si vous n’aviez pas tant de rigueur. Comte, dit Ernestine allar-