Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/229

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allait avec une dame de l’état et de l’âge de madame Scholtz, il n’y avait certainement aucun danger, qu’elle s’y joindrait assurément bien volontiers, si depuis dix ans, d’horribles douleurs ne la captivaient chez elle, sans en pouvoir sortir ; mais vous ne risquez rien, ma nièce, continua la Plorman. Allez en toute sûreté où l’on vous desire, je préviendrai le colonel dès qu’il paraîtra, afin qu’il vous aille aussitôt retrouver.

Ernestine, enchantée d’un conseil, qui s’accordait aussi-bien avec ses vues, s’élance dans la voiture de la Scholtz, et toutes deux arrivent chez le sénateur, qui vient les recevoir à la porte même de son hôtel. Accourez, charmante Ernestine, dit-il, en lui donnant la main, venez jouir de votre triomphe, du sacrifice de madame, et du mien, venez vous convaincre, que la générosité dans des âmes sensibles, l’emporte sur tous les sentimens… Ernestine ne se contenait plus, son cœur palpitait d’impatience, et si l’espoir du bonheur embellit, jamais Ernestine sans doute n’avait été plus