Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/60

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flambeau, pour tracer, si je puis, des rayons dont il brûle, les séduisans appas que tu plaças dans elle ; fais entendre toi-même les accens qu’il me faut employer pour offrir une idée des attraits dont ta puissance l’embellit ; peindrais-je, hélas ! sans ton secours, cette taille souple et déliée que tu dérobas chez les Grâces ? esquisserai-je ce sourire fin où régnait la pudeur à côté du plaisir ?… verra-t-on, sans tes soins, les roses de son teint s’animer au milieu des lys ? ces cheveux du plus beau blond flotter au bas de sa ceinture… cet intérêt dans tout l’ensemble, qui dispose si bien à ton culte… oui, Dieu puissant, inspire-moi, mets dans mes mains le pinceau d’Apelles, guidé par tes doigts délicats… c’est ton ouvrage que je veux rendre… c’est Hébé enchaînant les dieux, ou plutôt c’est toi-même, amour, caché par coquéterie sous les traits de la plus belle des femmes, pour mieux connaître ton empire et l’exercer plus sûrement.

Charles, enivré du poison séduisant qu’il a puisé dans les yeux de Lau-