Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/68

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sente ? quel dieu préservera donc Laurence de tant de trames ourdies pour l’entraîner dans l’abîme ! Urbain fit bientôt valoir tous ses charmes et tous les agrémens de son esprit ; mais quand au lieu d’amuser, il s’avisa de vouloir plaire… il ne réussit pas ; eh ! quel autre qu’Antonio pouvait régner dans le cœur de Laurence ? Ce cœur honnête et délicat, qui trouvait sa félicité dans ses devoirs, pouvait-il un moment s’éloigner de son objet ? Cette innocente fille n’eût pas même l’air de s’appercevoir qu’Urbain eût d’autre desir que celui de la distraire ; il est du caractère de la vertu de ne jamais soupçonner le mal.

Charles s’était flatté de réussir avant l’époque convenue, du mariage d’Antonio… il se trompa ; l’envie de ne rien brusquer, pour mieux assurer ses succès, lui avait fait perdre beaucoup de tems. Antonio revint ; Louis l’accompagnait ; Laurence avait atteint l’âge prescrit ; elle entrait dans sa quatorzième année, le mariage se consomma.