Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/76

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Cet arrangement qui paraissait gêner les pensées de Laurence, fut très-éloigné de lui plaire ; elle n’en témoigna pourtant rien… Dans le fait, elle n’avait point encore à se plaindre ; elle dissimula donc et les jours s’écoulèrent.

Tout reprit le même cours que dans la capitale ; mais l’extrême pudeur de Laurence s’alarma promptement des libertés d’Urbain ; vivement excité par son maître, et bien autant sans doute par ses propres dispositions, l’imprudent page avait enfin osé convenir de ses feux ; cette hardiesse surprit étonnamment l’épouse d’Antonio ; vivement alarmée, elle vole aussitôt vers Charles, elle lui porte les plaintes les plus amères contre Urbain… Strozzi l’écoute d’abord avec attention… « Ma chère fille, lui dit-il ensuite, je crois que vous mettez trop d’importance à des dissipations conseillées par moi-même. Considérez tout cela avec infiniment plus de philosophie ; vous êtes jeune, ardente, dans l’âge des plaisirs, votre époux est absent ; ah ! chère fille, ne portez pas si loin une sé-