Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/82

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sans doute, n’ose pourtant pas nommer son persécuteur. Il brûle la lettre de sa belle-fille, et en écrit promptement une à Antonio d’un style bien différent.

« Venez aussi-tôt ma lettre reçue, disait-il à son fils, pas un moment à perdre, vous êtes trahi, et vous l’êtes par le serpent que j’ai moi-même nourri dans ma maison. Votre rival est Urbain… ce fils d’un de nos alliés, qui fut élevé près de vous, et presqu’avec les mêmes égards ; je n’ai osé le punir, la circonstance était trop délicate…… Ce crime m’étonne et me révolte à tel point que j’imagine quelquefois me tromper ; accourez-donc… venez tout éclaircir ; vous arriverez mystérieusement chez moi… vous éviterez tous les yeux, et j’offrirai moi-même aux vôtres, l’affreux tableau de votre déshonneur,… mais ménagez cette infidelle, c’est la seule grâce que je vous demande ; elle est faible, elle est jeune, je ne suis irrité que contre Urbain, c’est sur lui seul qu’il faut que notre vengeance éclate ».

Un courrier vole au camp de Louis,