Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/85

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beau que l’innocence trouve un port assuré, aux écueils sans nombre de cet océan dangereux.

Charles machinait à-la-fois, et tout ce qui pouvait légitimer l’accusation dont il venait de charger l’épouse de son fils, et tout ce qui pouvait le débarrasser en même temps d’un complice timide, dont il voyait bien qu’il avait à se défier. Le machiavélisme commençait à faire des progrès en Toscane ; ce système[1] enfanté dans Florence, devait commencer par séduire les habitans de cette ville ; Charles était un de ses plus grands sectateurs, et à moins qu’il ne fût obligé de feindre, il en affichait toujours les maximes. Il avait lu dans ce grand systême de politique : « Qu’il fallait amadouer les hommes, ou les sacrifier, parce qu’ils se vengent des légères offenses, et qu’ils ne peuvent se venger

  1. Ce fut à Laurent II de Médicis, père d’Alexandre, premier duc de Florence, que Machiavel dédia son ouvrage, intitulé le prince ; livre dont il est ici question.