Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/98

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celle qu’il aime… celle qui lui jure qu’elle eût préféré la mort au crime affreux dont on l’accuse… et tendant ses beaux bras vers son époux, en versant un torrent de larmes… Est-il vrai, mon époux m’accuse ? il peut croire un moment que Laurence a cessé de l’adorer ? Traîtresse ! s’écrie Antonio, en repoussant les bras de son épouse… ta séduction ne m’en impose plus… n’imagine pas me désarmer par ces paroles doucereuses qui faisaient autrefois le charme de mes jours… je ne les entends plus… je ne saurais plus les entendre… ce miel d’amour qui coule de tes lèvres ne peut plus enivrer mon cœur, je ne trouve plus, dans ce cœur endurci pour toi, que de la rage et de la haine. Oh ciel ! je suis bien malheureuse, s’écria Laurence, en fondant en larmes, puisque celui de mes accusateurs qui devrait être le plus pénétré de mon innocence, est celui qui m’attaque le plus sévèrement… et reprenant avec chaleur… Non, Antonio, non, tu ne le crois pas… il est impossible que j’aie pu me souiller de