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cèdent à tous les efforts que nous avons fait pour les provoquer à la chûte. Toute l’absurdité de nos mœurs est gravée, ce me semble, dans cette inéquitable atrocité, et ce seul exposé devroit nous faire sentir l’extrême besoin que nous avons de les changer pour de plus pures.

Je dis donc que les femmes ayant reçu des penchans bien plus violens que nous aux plaisirs de la luxure, pourront s’y livrer tant qu’elles la voudront absolument dégagées de tous les liens de l’hymen, de tous les faux préjugés de la pudeur, absolument rendues à l’état de nature ; je veux que les loix leur permettent de se livrer à autant d’hommes que bon leur semblera ; je veux que la jouissance de tous les sexes et de toutes les parties de leur corps leur soit permises comme aux hommes, et sous la clause spéciale de se livrer de même à tous ceux qui le desireront, il faut qu’elles ayent la liberté de jouir également de tous ceux qu’elles croiront dignes de les satisfaire. Quels sont, je le demande, les dangers de cette licence ? Des enfans qui n’auront point de pères ? et qu’importe dans une république où tous les individus ne doivent avoir d’autre mère que la patrie, où tous ceux qui naissent, sont tous enfans de la patrie ? Ah, combien l’ai-