promptement à cette besogne, qu’elle devienne
un de vos soins le plus important, qu’elle ait
sur-tout pour base cette morale essentielle, si
négligée dans l’éducation religieuse ; remplacez
les sottises déifiques dont vous fatiguiez les jeunes
organes de vos enfans, par d’excellens principes
sociaux ; qu’au lieu d’apprendre à réciter de
futiles prières qu’il fera gloire d’oublier dès qu’il
aura seize ans, il soit instruit de ses devoirs dans
la société ; apprenez lui à chérir des vertus dont
vous lui parliez à peine autrefois, et qui, sans
vos fables religieuses suffisent à son bonheur individuel ;
faites lui sentir que ce bonheur consiste
à rendre les autres aussi fortunés que nous
desirons de l’être nous-mêmes, si vous assayez ces
vérités sur des chimères chrétiennes comme vous
aviez la folie de le faire autrefois ; à peine vos
élèves auront-ils reconnus la futilité des bases,
qu’ils feront écrouler l’édifice, et ils deviendront
scélérats seulement, parce qu’ils croiront
que la religion qu’ils ont culbutée, leur défendoit
de l’être. En leur faisant sentir au contraire la
nécessité de la vertu uniquement parce que leur
propre bonheur en dépend, ils seront honnêtes
gens par égoïsme, et cette loi qui régit tous les
hommes sera toujours la plus sûre de toutes ; que
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