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THÉORIES GÉOLOGIQUES : BURNET.

moins proposées dans la science ? En Angleterre, Burnet, Woodward, Whiston, avaient mis en avant des systèmes géogéniques dont Voltaire avait eu connaissance pendant son séjour à Londres. En France, de Maillet, puis Buffon, avaient fait chacun une théorie de la formation de la terre.

Burnet, chapelain du roi Guillaume III, s’était préoccupé de faire un système qui ne fût pas en désaccord avec la genèse biblique. Suivant lui, la terre n’était d’abord qu’une masse fluide, un chaos composé de matières de toute espèce et de toutes sortes de figures. À un certain moment, les parties les plus pesantes se réunirent au centre et y formèrent un noyau dur et solide ; les eaux, plus légères, se groupèrent au-dessus de ce noyau, et enfin l’air, s’échappant de cette enveloppe, constitua l’atmosphère. Cependant une couche de matières grasses et huileuses, moins denses que l’eau, surnagea d’abord au-dessus de l’enveloppe aqueuse et attira toutes les particules terreuses que l’atmosphère avait d’abord entraînées. Ainsi se forma une petite croûte, pâteuse au début, puis solide : ce fut la première terre, celle que les hommes cultivaient avant le déluge ; elle était légère, très-fertile, unie sur toute la surface, sans montagnes ni inégalités :

Le globe ne demeura que seize siècles dans cet état. Peu à peu la chaleur du soleil dessécha la croûte solide, de telle sorte qu’elle se fendilla de toutes parts, et un certain jour elle s’effondra dans les eaux sur lesquelles elle était placée. Voilà, suivant Burnet, la cause du déluge universel.

Les débris de la croûte rompue vinrent s’entasser en certains endroits de façon à former nos continents actuels avec leurs inégalités et leurs montagnes. Quelques fragments isolés ont constitué les îles et les écueils. Quant aux mers actuelles, c’est