Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
BUFFON.

sommets vinrent former de petites mers intérieures dans les parties que les mers des deux pôles n’avaient pas encore atteintes.

Les eaux, continuant à tomber jusqu’à ce que l’atmosphère en fût totalement purgée, envahirent successivement tous les terrains, et couvrirent enfin la surface du globe jusqu’à une hauteur de 2000 toises au-dessus de notre Océan actuel. Comment les continents furent-ils ensuite mis à découvert ? C’est qu’il s’était formé sous la couche supérieure de la terre, pendant qu’elle se refroidissait, d’énormes boursouflures, de vastes cavernes, sur lesquelles les eaux reposèrent d’abord, mais où elles se précipitèrent quand elles eurent miné par leur poids la mince écorce qui les en séparait.

L’abaissement produit ainsi dans le niveau des mers découvrit d’abord la tête des hautes montagnes, qui se chargea aussitôt de grands arbres et de végétaux de toute sorte. Ces arbres, entraînés par les pentes, allaient rouler au milieu des flots, et, comme d’ailleurs les mers s’étaient peuplées d’animaux marins, les débris des végétaux et des animaux s’entassaient ensemble au fond des océans. Cependant, à mesure que les eaux allaient s’engouffrant dans les cavernes intra-terrestres, les plateaux, les continents, émergeaient à leur tour, et, comme ils ont tous été des fonds de mer, ils contiennent tous des coquilles marines mêlées à des végétaux fossiles.

Tels étaient les systèmes en face desquels se trouvait Voltaire. Ils avaient tous ce caractère commun, de supposer que la terre avait été, à un certain moment, couverte entièrement par les eaux ; ils plaçaient en général aux origines de l’histoire un grand cataclysme dont la tradition nous avait été conservée par le récit du déluge universel ; les Anglais avaient même