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LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.

beaucoup de points, il n’en savait guère plus que ses lecteurs. Il comprenait tous les systèmes, les exposait avec une grande lucidité et n’y croyait qu’à demi. Il développait à merveille les opinions des autres, sans avoir assez d’autorité pour les juger. Il portait d’ailleurs sa préférence sur celles qui se prêtaient à un exposé brillant, et c’était là une circonstance qui eût été de nature à fausser ses jugements, s’il ne s’était tenu toujours sur la plus extrême réserve. On sait que, s’il eût eu la main pleine de vérités, il eût hésité à l’ouvrir. Quoi qu’il en soit, quand il eut été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il devint pour cette compagnie un brillant historien, ou tout au moins un incomparable nouvelliste. Son Histoire de l’Académie, ses Éloges, ont créé un genre de littérature, et l’on peut dire qu’il a fait école.

Fontenelle, né en 1657, ne mourut qu’en 1757, âgé par conséquent de cent ans à peu près. Il n’atteignit un si grand âge qu’en aidant sa bonne constitution par une hygiène intelligente. Il eut donc soin de diminuer son travail aux approches de la vieillesse, et, dès l’année 1739, il se démit de ses fonctions de secrétaire perpétuel.

Il y fut remplacé par Dortous de Mairan. Nous trouvons en Mairan un exemple de ces célébrités d’un jour qui s’évanouissent devant la postérité. Peu de savants ont eu une carrière plus facile et ont joui de plus d’estime parmi leurs contemporains. L’Académie des sciences, comme si elle ne pouvait faire trop pour le posséder, lui fit un honneur qu’elle n’avait encore fait à personne, et qui fut refusé plus tard aux hommes les plus illustres : elle le nomma d’emblée pensionnaire sans le faire passer par les grades inférieurs d’adjoint ou d’associé. L’Académie française le distingua de son côté, et