Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.

et auxquels Voltaire ne faisait qu’un reproche, c’est qu’on désirerait voir mourir les académiciens pour les entendre louer par une telle bouche. En 1791, Condorcet, que son ardent amour du bien public avait jeté depuis longtemps dans la politique et qui négligeait un peu l’Académie pour les journaux, fut nommé membre de l’Assemblée législative. Il fit partie ensuite de la Convention ; il y vota avec les Girondins et fut entraîné dans leur ruine.

À l’époque où il se sentait absorbé par la vie politique, Condorcet demanda à l’Académie, comme avait fait Grandjean de Fouchy, un auxiliaire et un adjoint ; l’Académie ne lui donna qu’un suppléant temporaire qu’elle renouvela tous les trois mois. Ce furent successivement Fourcroy, l. de Jussieu, Sage et Bovy.

Telle fut la liste officielle des secrétaires perpétuels de l’ancienne Académie. Nous avons déjà dit comment il faillit s’y introduire, entre les noms de Fontenelle et de Condorcet, un nom bien plus glorieux, celui même de Voltaire. Nous avons exposé comment, à l’époque où Fontenelle songeait à abandonner une fonction devenue trop fatigante pour sa vieillesse, Voltaire, à qui ses ennemis avaient jusque-là fermé les portes de l’Académie française, avait conçu le secret dessein de fausser compagnie aux quarante et d’aller chez leurs voisins recueillir la charge de « premier ministre de la philosophie ». Nous nous sommes arrêté longuement[1] sur la période où, retiré à Cirey, il cherchait à se créer des titres scientifiques de diverses natures, résumant les théories de Newton dans son

  1. Voyez, dans le livre Ier du présent volume, les chapitres iv, v et vi, pages 32-78, et notamment, pour ce qui concerne spécialement la candidature de Voltaire, les pages 66-70.