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LES ÉLÉMENTS.

petite cour de Sceaux, chez la duchesse du Maine, comme en témoigne ce couplet du marquis de Saint-Aulaire, un des « bergers » de Sceaux, qui, lui du moins, met Descartes et Newton dans le même sac :

Bergère, détachons-nous

De Newton, de Descartes.
Ces deux espèces de fous
N’ont jamais vu le dessous

Des cartes, des cartes, des cartes.

Et ce n’étaient pas seulement les gens du monde, c’étaient les savants mêmes qui étaient cartésiens ; à peine comptait-on à l’Académie des sciences trois ou quatre jeunes géomètres, comme Clairaut et Maupertuis, qui fissent profession de connaître et de comprendre Newton.


Les bases mêmes de la théorie newtonienne, les faits élémentaires, les lois de Kepler, par exemple, n’étaient pas encore à l’abri de la discussion.

Dans les premières années du xviiie siècle, le célèbre Dominique Cassini, le directeur de l’observatoire de Paris, prétendait encore que l’ellipse de Kepler rend imparfaitement compte de la marche des planètes, et il essayait d’y substituer une courbe qui a pris le nom de cassinoïde. Dans l’ellipse, la somme des rayons vecteurs menés d’un point aux deux foyers est constante ; dans la cassinoïde, c’est le produit des deux rayons qui est constant. Faire cette substitution dans la théorie des orbites planétaires, c’était neutraliser la synthèse de Newton.

Les fils de Cassini, héritiers des traditions paternelles, niaient les principales conséquences que Newton avait tirées de la gravité universelle, l’aplatissement des pôles, par exemple.