Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/106

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Les vagues, d’horreur esmeues,
Autour de luy blanctaissoient ;
Les airs, se couvrans de nues,
Le jour en obscurcissoient ;
Le ciel en suoit de crainte
La terre en estait contrainte
D’esbranler ses fondemens ;
Bref, une fiere tempeste,
À l’aspect de cette beste,
Troubloit tous les elemens.

Comme aux lieux où Mars domine,
Pendant quelque horrible assaut,
Une foudroyante mine
Emporte quelqu’un en haut :
Tout de mesme en cet orage,
De l’ardeur de son courage
Persée estant emporté,
Haut sur le monstre s’eslance,
Aussi tost comme il s’avance
Vers le butin souhaitté.

Il fend l’air la main armée
D’un coutelas flamboyant ;
Sous luy, la beste animée,
S’enfle et gronde en le voyant.
Elle court, la gueule ouverte,
D’où sort une escume verte,
Après l’ombre du guerrier,
À qui, de cette entreprise,
La Gloire, en son ame esprise,
Offre desja le laurier.

Tel que descend le tonnerre
Sur quelque arbre audacieux,
Qui, de la part de la Terre,
Semble défier les Cieux ;