Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
Le Melon.

Un gracieux parfum que le nez avaloit.
Le compere Denis, à la trogne vermeille,
Qui veut tousjours chiffler, mesme quand il sommeille,
Rendant de son pouvoir Ganimede esbahy,
Voulut que le nectar fist place au vin d’Ay,
Dont il fit apporter par ses folles Menades,
Qui faisoient en hurlant mille pantalonnades,
Cinquante gros flaccons remplis jusques aux bords,
Pour le plaisir de l’ame, et pour le bien du corps.
La deesse des fours, des moulins et des plaines,
Où l’œil du bon Pitaut voit l’espoir de ses peines ;
Celle qui, s’esclairant de deux flambeaux de pin,
À force de trotter usa maint escarpin
En cherchant nuit et jour la domzelle ravie,
Cerés au crin doré, le soustien de la vie,
Munit les assistans, au lieu de pain-mollet.
De biscuits à l’eau-rose, et de gasteaux au laict.
Celuy qui sur la mer impetueuse et fiere,
En son humide main porte une fourche fiere,
Dont il rosse les flots quand ils font les mutains,
Excitez par les vents, qui sont leurs vrais lutins,
Fit servir devant luy, par la fille de chambre
De madame Thetis, un plat d’huistres à l’ambre,
Que l’un de ses Tritons, non pas sans en gouster,
Du fond de l’Ocean luy venoit d’apporter.
Celle qui sur un mont sa chasteté diffame,
La princesse des flots, qui comme sage-femme
Assiste à ce travail où l’on pisse des os,
Et dont elle delivre en disant certains mots ;
Diane, au front cornu, de qui l’humeur sauvage
Ne se plaist qu’aux forests à faire du ravage,
Fit mettre sur la table un fan de daim rosty,
Que d’une sauce à l’ail on avoit assorty.
Le forgeur écloppé qui fait son domicile