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LES OEUVRES
DU SIEUR DE
SAINT-AMANT


SECONDE PARTIE.


L’AMARANTE.


À quel poinct de folie et de témérité,
Contre mon vouloir propre, amour, m’as-tu porté !
Je m’estois résolu, malgré ta violence,
De retenir mes pleurs, d’observer le silence,
De déguiser si bien mes maux et mes plaisirs,
Qu’à peine mes pensers auraient sceu mes désirs ;
Que, de peur d’éventer mes ardeurs nompareilles,
Ma voix serait en garde avecque mes oreilles ;
Que mon esprit jaloux, s’immolant au respect,
Se trouverait luy-mesme à luy-mesme suspect ;
Qu’à ma fin douloureuse un jour ma seule cendre
Pourrait de mon brazier quelques indices rendre,