Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/34

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Ce fut là même qu’il composa sa Rome ridicule, qui fut depuis si souvent imitée.

Elle avoit paru à Paris en 1643, sans nom d’auteur ni d’imprimeur. Le libraire qui la vendit fut seul puni : il perdit la liberté ; il auroit pu y perdre la vie. Le libraire éditeur du Custode de la reine, satire de Blot, de Marlet ou de Morlet, fut pendu, et l’imprimeur, s’il eût été pris, étoit passible du même châtiment.

Après un court séjour à Rome, le comte d’Harcourt fut envoyé (1643) en Angleterre. Saint-Amant l’y suivit. Le comte étoit chargé de proposer la médiation de la France entre Charles Ier et le parlement, mission stérile, comme devoit l’être aussi, en 1645, celle de l’ambassadeur Montreuil.

Saint-Amant aimoit le roi et suivoit avec intérêt les événements. Il fit sur Fairfax, le général du parlement, ce qu’il appelle une épigramme endiablée, où il prétend que « le prince des sabats » ne l’a pas encore emporté, parceque

…… Il craint que, par quelque attentat,
Que par quelque moyen oblique,
Fairfax n’aille du moins renverser son état
Pour en faire une république.

Lorsqu’il apprit la mort du roi, Saint-Amant, comme l’Europe entière, fut indigné et sincèrement affligé. Dans trois de ses sonnets, il exprime l’impression que ce crime lui avoit laissée ; mais il semble que ce sentiment va s’affoiblissant de plus en plus dans son esprit, si l’on en juge par l’argument brutal de l’ordre dans lequel il les a disposés.

C’est par la renommée que Saint-Amant connut le martyre de Charles Ier. En effet, le comte d’Harcourt avoit été rappelé et remplacé, en 1645, par Montreuil, puis envoyé en Catalogne pour succéder au maréchal de la Mothe. Saint-Amant le suivit-il dans cette expédition ? Nous ne pouvons rien affirmer à cet égard. En 1647 il étoit à Collioure, port de mer du Roussillon ; mais, en 1645, nous croirions volontiers qu’il étoit resté à Paris.