Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/356

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Une baleine au court-bouillon,
Neptune en aura sur les chausses
Et Thetis sur le cotillon.

Plantons-les là pour reverdir,
Et que ma Clion ne desdaigne
De parler un peu de Sardaigne,
Où nos gens yront s’esbaudir.
Des-jà je la voy ravagée ;
Jà des-jà, la trongne changée
Pour le dur sac de l’Orifran[1],
Elle beugle en vache enragée
Qui mouche[2] et fremit sous un tan.

Ses blez, ses vins et ses troupeaux
Nous passeront entre les lippes ;
On raflera toutes ses nippes,
Ses bombardes et ses drapeaux ;
Et, sans une horreur pestilente
Qui de cette place opulente
Nous deffendra le long sejour,
Jamais la Castille insolente
Ny feroit battre le tambour.

Mais elle le fait battre encor
Au nez de Cannes[3], qui rechigne,
Et le Renom, d’un air indigne,
Par tout le prosne avec son cor ;
Sainte-Marguerite envahie,

  1. L’Orifran, seconde ville de Sardaigne. (S.-A.)
  2. Souffler. — Ni Furetière ni Richelet n’indiquent ce sens. Cotgrave traduit moucher par : to blow, qui signifie également moucher dans le sens moderne et souffler.
  3. Cannes, petite ville de Provence située sur le bord de la mer, vis-à-vis des isles de Sainte-Marguerite et de Saint-Honorat. (S.-A.)