Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/67

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ELEGIE[1]

À Monseigneur le Duc de Rets, sur ce que l’on avoit mal imprimé ma Solitude.


Helas ! quand je vous voy, mes vers, mes chers enfants,
Vous que l’on a trouvez si beaux, si triomphants,
Errer parmy le monde en plus triste equipage
Qu’un prince mal-aisé qui marcheroit sans page ;
Quand je voy vos pieds nuds, vos membres mutilez,

  1. « Il y en a qui font différence entre epistres et elegies ; à la vérité, si l’epistre est en prose et l’elegie en vers, il y a différence ; mais si toutes deux sont en vers, il n’y en a point… Voyons si Ronsard faict difference entre l’epistre et l’elegie : non, car il nomme tout elegie… Or donc l’epistre et l’elegie n’est qu’un. Elle se faict coustumierement en rime platte, et si elle est en autre rime, c’est plutost epigramme ou ode que epistre ou elegie. Les vers de dix syllabes y sont fort propres, et pour cet effet sont appeliez elegiaques, combien que aussi on use de vers alexandrins. » (L’Art poétique françois, de Pierre Delaudun Daigaliers. Paris pour Auth. du Breuil, M.D.XCVII, in-12, liv. 2, chap. 8.) — Furetière (Dict.) réclame pour l’élégie le vers alexandrin, et le distingue de l’épître par le sujet. Le P. Mourgues (1729) dit que « il n’y a rien encore de bien établi sur le caractère de l’élégie françoise. » (P. 271.)