Page:Saint-Amant - 1907.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

220 SAINT-AMANT

je présume rien de mon esprit, ni que je pense que votre nom ait besoin de moi pour se mettre à cou- vert des outrages que le Temps fait aux plus belles choses. Vos vertus sont trop éclatantes pour emprun- ter d’ailleurs quelque lumière ; il n’est point d’hon- nête homme qui ne les estime ; et moi, qui me figure les avoir connues plus particulièrement qu’aucun autre, en l’honneur que vous m’avez fait de me permettre votre familière conversation, j’a- voue que je me sens incapable de les louer assez dignement. Aussi, bien loin de croire que mes ouvrages puissent rendre votre renommée plus célè- bre qu’elle n’est, je m’attends plutôt à recevoir de vous ce que je pourrais donner à un autre. Néan- moins, Monseigneur, la vanité dont mes amis me flattent, que mes vers ne mourront pas avec moi, et qui se fortifie principalement par la bonne opinion que vous m’en avez fait concevoir, me persuade que j’aurai peut-être la gloire de vivre avec vous long- temps après que je ne serai plus au monde, si vous avez agréable que le commencement de ce livre soit honoré de -, otre nom, qui lui doit servir de protec- teur. Je m’en vais en un voyage où j’aurai loisir de méditer des choses que j’espère qui me rendront plus digne que je ne suis à présent de l’amitié dont il vous plaît m’obliger ; et, bien que ce soit vers ces paysoùl’on va chercher les trésors, j’ose me pro- mettre que nos vaisseaux n’en rapporteront rien de