Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/280

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grands plaisirs, le frais après la chaleur, & le repos après la fatigue ; si cependant vous vouliez lire en attendant le souper, voilà des livres : en disant ces mots elle me montroit un cabinet où j’entrai.

J’étois curieux de voir la bibliothèque d’un païsan ; je m’attendois à y trouver quelques-uns de ces petits romans barbares qui nous viennent des Provençaux, & des livres de dévotion : je vis d’abord les ouvrages de Tull & à peu-près tout ce qu’on a écrit de mieux sur l’Agriculture : je fus étonné de trouver là les Mémoires de l’Académie de Rennes, livre excellent, mais écrit dans une langue qui devoit être inconnue à mes hôtes : bientôt je ne doutai plus qu’ils n’entendissent le François, lorsque je vis sur une tablette les Essais de Montagne, le Droit Naturel, et le Poëme de la Loi Naturelle : je vis aussi une traduction Françoise du Prædium Rusticum, Poëme du Jésuite Vanières. Le reste de la bibliothèque étoit dans notre langue ; c’étoit les Caractéristiques du Lord Shastesbury, le Systême moral d’Hutcheson, &c. Quoi ! disois-je, des livres de Philosophie chez des païsans ! les meilleurs Philosophes Anglois & François dans une métairie auprès d’Hamstead ! ils