Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/299

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remarquer que, lorsqu’il avoit eu l’avantage dans ces disputes, il étoit plus triste qu’à l’ordinaire ; je devinai aussi le motif qui lui faisoit embrasser une opinion qui ne lui étoit pas favorable. Je vis que mon cher Philips, tout entier à moi, s’oubliant lui-même, me faisoit sans peine les sacrifices qui devoient le plus lui coûter & qu’il ne voyoit que mes propres avantages, mon bonheur & ma gloire.

J’aimois à parler à Philips de son père, de ses vertus & de la forte de bonheur dont il jouissoit dans sa pauvreté. Je lui faisois des questions sur le lieu de sa demeure, sur son voisinage, sur ses travaux. Philips me paroissoit pénétré de respect pour la vie des laboureurs & pour les soins de l’agriculture. Il me parloit toujours de ma famille, & il me répétoit combien cette famille, qui m’aimoit & qui est si illustre en Angleterre, méritoit de moi d’égards & d’attachement. Il est vrai que j’éprouvois de la part de mes parents les procédés les plus honnêtes & des preuves de l’estime qu’ils avoient pour ma raison. Ils avoient fait avancer pour moi le tems où nos loix donnent aux filles le droit de disposer d’elles & de leur fortune. Je me trouvois maîtresse de mes biens