Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/28

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Que mon amour pour eux se plaît à prévenir *
Leurs écarts insensés, bien plus qu’à les punir ;
Mais que si s’arrêtant dans leur obscur dédale,
Ils ne désavouaient leur coupable scandale,
Ils forceraient mes dons à se retirer d’eux,
Et qu’il me suffirait pour les voir malheureux,
De les abandonner à des lois étrangères."
Il dit : les Chérubins de leurs ailes légères
Environnent le trône, et la céleste cour
Se renferme avec lui dans l’immortel séjour.
À peine du Très-Haut la parole sacrée
D’un ton si menaçant fut-elle proférée,
Que je sens de mon zèle accroître la chaleur ;
Ce zèle ne peut plus contenir la douleur
Que me cause le sort de tes malheureux frères,
Et pour les arrêter dans leurs pas téméraires,
Je vole avec ardeur vers les terrestres lieux.
Par une loi suprême, en descendant des cieux,
Je voile de mes traits la pompe glorieuse ;
Ma forme par degrés devient moins radieuse,
Moins vive, accommodée à mes secrets desseins,
Et semblable en tout point à celle des humains.
Comme un ami des arts, j’aborde les Poètes ;
Avec facilité je perce leurs retraites ;
Mais un coup d’oeil jeté sur leurs productions,
M’expliqua dans l’instant ces révolutions
Dont ils avaient troublé ma demeure céleste.
Je vis régner en eux l’erreur la plus funeste :
Ils osaient prononcer sur le vrai, sur le beau,
Tandis qu’ils n’étaient plus guidés par mon flambeau,