Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/30

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Je crus que devant eux je devais prononcer
Des sons assez frappants pour les intéresser.
L’écho de mes accents au loin va se répandre :
Cent Poètes fameux désirant de m’entendre,
De toutes parts, vers moi, s’empressent de voler.
Dans un lieu préparé les faisant assembler :
Oui, dis-je, c’est en vain que votre esprit s’obstine,
A vouloir de votre art rabaisser l’origine,
En tâchant d’avilir sa destination.
En vain vous annoncez l’imagination,
Comme l’unique terme où cet art doit réduire
Les effets imposants que vous pouvez produire.
C’est trop grossièrement méconnaître à la fois
L’esprit de votre nom et l’objet de vos droits.
L’imagination si vive dans sa course,
Reçoit, réfléchit tout, mais de rien n’est la source,
Et rendant les tableaux qui lui sont présentés,
Dans aucun temps par elle ils ne sont enfantés.
Si votre art ne tient point à la source suprême,
Pourquoi vous adresser à la lumière même ?
Pourquoi le moindre trait que nous peint votre main,
Nous le présentez - vous comme un rayon divin ?
Vous semblez (et quel est l’instinct qui vous l’inspire)
Croire sur notre esprit n’avoir aucun empire ;
Si dans tous les tableaux que vous nous exposez,
Les couleurs, les objets n’en sont divinisés ;
Si du premier modèle ils ne sont pas l’image.
Aux sources de votre art, c’est assez rendre hommage ;
Au divin Apollon vous n’offrez pas uu vœu,
De vos droits mutuels qui ne soit un aveu,