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Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/22

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sommeil ! — pousse son hululement solitaire, et redevient silencieux. Un oiseau jette un cri d’effroi et un insecte froisse une herbe.

Parce qu’on entend ces choses minimes et gigantesques, on sent que règne le silence. La lune sculpte et colore les ombres, immobiles dans le silence.

Au large, l’Escadre.

Des ombres glissent, marquées au faîte de feux intermittents, sanglants et lunaires. D’autres disparaissent dans la mer, peu à peu, jusqu’à ce que n’émerge plus sur les flots, qu’une pâle lumière haute, semblable au cierge funéraire. Sous l’eau, parmi les naturels monstres sous-marins qui la peuplent, des vies humaines palpitent, s’agitent, conquièrent un monde, pour mieux distribuer, insidieux, la destruction, la mort.

Mais là-bas, que voient-ils ? Mes yeux attentifs fixent ce qu’ils voient. Les vaisseaux-fantômes se multiplient et se précipitent. Où ? Pourquoi ? Mon ignorance s’angoisse. Et de leurs ombres silencieuses glissant sur la mer lunaire et dans le grand silence universel, jaillit un fantastique éclair de feu.