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INTRODUCTION. XI
par une phraséologie bizarre et une prétendue philosophie dont la portée m’échappe complètement.
Le drame de Tristan et Iseult, admirable dans sa conception première, et où se trouve, à la fin du premier acte, une des plus belles situations qui soient au théâtre, est devenu, à l’exécution, une suite de longues conversations entre deux personnages dissertant sans fin sur la lumière de la nuit et l’obscurité du jour. C’est de la grande poésie, ce n’est pas du drame, c’est le « spectacle dans un fauteuil » avec orchestre, exquis pour les rares mortels familiers avec la lecture d’une partition. Jamais on ne me fera croire qu’il soit théâtral de faire rester un personnage en scène pendant deux actes entiers, et quels actes! C’est dépasser à plaisir les forces des artistes et des spectateurs.