Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/138

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Je n’ose dire qu’à douze ans que je n’avois pas encore, j’étois fort en peine et je m’informois souvent de l’état du duc de Luynes qui avoit la goutte ; je mourois de peur qu’elle ne le quittât, parce qu’il auroit été parrain de M. le prince de Conti avec-le duc de Chaulnes, et M. du Maine eût échu à mon père. La goutte persévéra, et mon père présenta le prince de Conti avec le duc de Chaulnes. L’ordre à un âge inouï, rare aux fils de France, et en quatrième avec M. le duc de Chartres, à qui cette considération le fit avancer alors, [avec] M. le duc de Bourbon (car le grand prince de Condé ne mourut qu’à la fin de l’automne), et [avec] M. le prince de Conti, parut une distinction bien extraordinaire. Monseigneur et Monsieur furent les parrains de M. le duc de Chartres, M. le Prince et M. le Duc de M. le duc de Bourbon ; feu M. le prince de Conti, gendre naturel du roi, étoit mort sans avoir été chevalier de l’ordre, et celui-ci ne l’eût pas été sans le cri général, que le roi craignit, de faire M. du Maine en laissant le prince de Conti. Il étoit lors exilé à Chantilly, et ne coucha qu’une nuit à Versailles pour la cérémonie. C’étoit la suite de son voyage en Hongrie. Il ne fut rappelé qu’à l’instante prière de M. le Prince mourant, mais jamais pardonné, comme on l’a pu voir ci-dessus en plus d’un endroit.

15. Le duc du Maine pourvu de la charge des galères, en 1688, à la mort du duc de Mortemart.

16. Le comte de Toulouse gouverneur de Guyenne, en janvier 1689, à onze ans.

17. Le duc du Maine commande la cavalerie en Flandre en 1689.

Jusqu’alors les princes du sang faisoient une ou deux campagnes à la tête d’un de leurs régiments. M. du Maine, à dix-huit ans, et dès sa première campagne, a la distinction que les princes du sang n’obtenoient pas de si bonne heure, qui leur étoit nouvelle, et qui même en eux blessoit fort les trois généraux nés de la cavalerie par leurs charges.

18. Marie-Françoise, mariée, 18 février 1692, à Philippe d’Orléans, duc de Chartres, petit-fils de France.

Ce prodige fut le chef-d’œuvre du double adultère et de la sodomie, l’un et l’autre publics et bien récompensés. La violence ouverte avec laquelle ce mariage du propre neveu du roi, fils unique de son frère, fut fait, eut toute la cour pour témoin, et ce qui s’y