Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/352

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Les principales difficultés roulèrent sur deux points, tous deux essentiels, que le régent demandoit : le premier une renonciation absolue et perpétuelle de la part de l’empereur à tous les États de la monarchie d’Espagne actuellement possédés par Philippe V ; le second que, les maisons de Médicis et Farnèse venant à s’éteindre, la succession aux États de Toscane et de Parme fût assurée au fils aîné de la reine d’Espagne, et successivement à ses enfants mâles, cette princesse étant héritière légitime des deux maisons.

Les Impériaux se plaignirent de ce que le régent étoit plus attentif à procurer les avantages du roi d’Espagne que ce prince n’étoit à les demander. Ils dirent qu’il étoit injuste d’exiger une renonciation absolue de l’empereur à ses droits sur la monarchie d’Espagne, pendant qu’on ne lui en offroit pas une pareille du roi d’Espagne aux États d’Italie et des Pays-Bas possédés par Sa Majesté Impériale, regardant comme une sorte de violence de faire subsister les droits d’une partie pendant qu’on éteignoit avec tant de soin ceux de l’autre partie.

Ils s’écrièrent encore plus sur les successions de Toscane et de Parme, comme s’il s’agissoit de porter la guerre en Italie, et de la faire perdre à l’empereur, par la facilité de débarquer les troupes d’Espagne à Livourne, d’entrer sans peine en Lombardie, tandis que les Impériaux arrêtés par les Apennins ne pourroient pénétrer en Toscane, pour empêcher les Espagnols de s’y fortifier et de s’y faciliter les secours d’Espagne. Ils cédèrent néanmoins, sur l’article de Parme et de Plaisance, parce que ses États éloignés de la mer ne pourroient recevoir de secours étrangers, et dépendroient toujours de l’empereur, enclavés comme ils sont dans les terres, si le prince qui les posséderoit tentoit de s’agrandir. Mais la Toscane, surtout Livourne, entre les mains d’un prince de la maison de France, leur paraissoit d’un péril continuel et inévitable à chasser l’empereur d’Italie toutes les fois que la France et l’Espagne le voudroient.