Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/68

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à Verneuil, qui a eu depuis la plume et une charge d’introducteur des ambassadeurs. Son père avoit été lieutenant des gardes de Monsieur ; son nom est Chassepoux, sieur de Croquefromage ; celui de sa femme est Bigre. Je n’ai pu retenir le ridicule de ces noms.

Le prince de Dombes, et ce qui étoit allé en Hongrie de François en revinrent, excepté M. le comte de Charolois.

Le duc de Ventadour mourut retiré, depuis quelques années, aux Incurables, séparé de sa femme depuis un grand nombre d’années, ne laissant qu’une très riche héritière mariée au prince de Rohan, qui s’étoit chargé de tous ses biens et de ses dettes moyennant quarante mille livres de rente qu’il lui payoit par quartier. C’étoit un homme fort laid et fort contrefoit qui, avec beaucoup d’esprit et de valeur, avoit toujours mené la vie la plus obscure et la plus débauchée. Par sa mort son duché-pairie fut éteint.

Moncault, soldat de fortune, et qui la devoit au maréchal de Duras et à son esprit, mourut en même temps. Il étoit lieutenant général et gouverneur de la citadelle de Besançon. Il avoit su s’enrichir et marier son fils à une fille d’Armenonville.

Dès l’hiver dernier on me pressa de présenter mes enfants au roi et au régent, et il est vrai qu’ils étoient en âge où cela ne pouvoit plus se différer. Néanmoins j’y résistai, parce que je voulus leur apprendre ce qu’ils devoient à la mémoire de Louis VIII, qui nous doit être si précieuse et si sacrée, et que les prémices de leurs hommages lui fussent rendues. Je les menai donc à son anniversaire à Saint-Denis, où je ne manquois jamais à l’exemple de mon père, et ce devoir si principal pour nous rempli, je les présentai. Je trouvai en ce temps-ci deux régiments à vendre, tous deux de cavalerie, et gris. Le régent m’en accorda l’agrément, et je les achetai pour eux du duc de Saint-Aignan, ambassadeur