Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/97

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défendoit de le voir, et tout commerce direct ou indirect avec lui ; et lui ordonnoit d’intimer la même défense à tous ses sujets et affectionnés à Rome.

Cette succession de Toscane faisoit alors un grand point dans les négociations entamées pour assurer le repos de l’Europe. Les ministres hanovriens du roi d’Angleterre, étoffent parvenus à faire exclure le roi de Prusse dans le traité, jusqu’à ce que la négociation fût achevée. Ce point gagné sur le régent, comme on l’a déjà vu, ces mêmes ministres, dévoués à l’empereur pour leurs intérêts particuliers de famille, firent entendre au régent, pour l’intimider, que, si la campagne de Hongrie étoit heureuse, la négociation qu’il avoit commencée seroit bien plus difficile ; qu’il ne devoit donc pas laisser échapper l’occasion de s’assurer l’appui de l’empereur, parce que, étant uni avec lui et avec le roi d’Angleterre, il se mettroit à couvert des entreprises des malintentionnés de France. Ils lui rendoient suspects ceux qui le détournoient de suivre cette route, comme étant des créatures de l’Espagne. Ils vouloient persuader au régent que plus ces gens-là s’acharnoient à traverser la négociation, plus il devoit avoir d’empressement de la conclure ; qu’il pouvoit aisément le faire jusqu’à la signature, sans leur en donner connoissance, après quoi, sûr qu’il seroit des principales puissances de l’Europe, rien ne l’empêcheroit d’envoyer promener des ministres si opposés à une négociation si avantageuse. Dans le désir de l’avancer, l’Angleterre pressoit la cour de Vienne d’envoyer à Londres le secrétaire Penterrieder, comme le seul capable de la conduire à une bonne fin. Mais il ne suffisoit pas de traiter seulement avec l’empereur, il falloit obtenir le consentement de l’Espagne, puisqu’il ne s’agissoit pas d’exciter une nouvelle guerre, mais d’assurer le repos de l’Europe.

Le roi d’Angleterre résolut donc d’envoyer à Madrid un homme de confiance et de poids, pour représenter au roi d’Espagne que l’Angleterre, engagée par son dernier traité