Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/282

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étoient réduites par la longueur de leur séjour à Paris et la lenteur sans fin de leur rendre justice ; que de moi elles ne prendroient pas de l’argent, que de lui elles n’en feroient pas difficulté ; que les deux écus que je lui demandois étoient pour les leur donner de sa part, afin qu’elles eussent au moins pour quelques jours à dîner de quelque gargote. Tous deux se mirent à rire, et moi de moraliser sur une situation si extrême pour ne vouloir pas décider et finir. Je m’en allai avec promesse plus satisfaisante que je n’en avois encore pu tirer ; j’eus soin d’en presser l’effet. Au bout d’un mois j’eus l’expédition de ce que le chapitre demandoit, une gratification honnête aux deux chanoinesses, pour les sortir de Paris et les reconduire chez elles, et leur fis faire leur payement. Je n’ai jamais vu deux filles si aises ni plus reconnoissantes ; je leur contai ce sarcasme des deux écus qui avoient enfin terminé leur affaire, dont elles rirent de bon cœur. J’eus de grands remerciements de l’abbesse et du chapitre, et tous les ans une lettre de souvenir des deux chanoinesses tant qu’elles ont vécu. Revenons maintenant à des choses plus sérieuses.




CHAPITRE XV.


Mouvements audacieux du parlement contre l’édit des monnaies. — Le parlement rend un arrêt contre l’édit des monnaies, lequel est cassé le même jour par le conseil de régence. — Prétextes du parlement, qui fait au roi de fortes remontrances. — Conseils de régence là-dessus. — Ferme et majestueuse réponse au parlement en public, qui fait de nouvelles remontrances. — Le don gratuit accordé à l’ordinaire, par acclamation, aux états de Bretagne. — Leurs exilés renvoyés. — Question d’apanages jugée en leur faveur au conseil