Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/328

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capitaine général des armées, grand maître de l’artillerie, colonel du premier régiment des gardes, chevalier de l’ordre de la Jarretière et le plus heureux capitaine de son siècle. Sa vie, ses actions, ses fortunes sont si connues qu’on s’en taira ici. Sa victoire d’Hochstedt le fit prince de l’Empire et de Mindelheim, terre dont l’empereur lui fit présent en même temps. Pour en perpétuer la mémoire, il avoit fait bâtir en Angleterre un château superbe auquel il donna le nom de Pleintheim [1], village où trente-six bataillons retranchés se rendirent à lui sans attendre d’attaque. Les honneurs de ses obsèques et leur magnificence égalèrent, à peu de chose près, celles des rois d’Angleterre. Il fut inhumé à Westminster, dans la chapelle de Henri VII ; mais cet honneur n’est pas rare en Angleterre. Il y avoit plus de trois ans qu’une apoplexie l’avoit tellement affaibli qu’il pleuroit presque sans cesse et n’étoit plus capable de rien.

Le grand maître de Malte, frère du cardinal Zondedari, mourut en ce même temps, fort estimé et regretté dans son ordre. Antoine Manoel lui succéda, des anciens bâtards de Portugal.

La duchesse de Bouillon (Simiane) mourut aussi à trente-neuf ans à Paris.

Et l’épouse du prince Jacques Sobieski, fils aîné du fameux roi de Pologne. Elle étoit sœur des électeurs de Mayence et palatin, de l’impératrice, mère des empereurs Joseph et Charles VI, des reines douairières d’Espagne et de Portugal, et mère de la reine d’Angleterre, épouse du roi Jacques III, résidant à Rome. Elle mourut sans postérité masculine, à cinquante ans, dans les terres du prince Jacques Sobieski en Silésie.

  1. Le nom est ainsi écrit dans Saint-Simon. La forme ordinairement adoptée est Bleinheim ou Blindheim.