Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, III, 3e éd.djvu/37

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tobre 1830, assez tard pour avoit vu son élève Louis-Philippe devenu roi.

1° Sa première littérature, ses ouvrages publiés sous Louis XVI, avant 89, ont tous un rapport direct à réducatioii : le Théâtre d’Éducation proprement dit (1779) ; Adèle et Théodore (1782) ; les Veillées du Château (178’0, etc., etc. Ces ouvrages, remarquables par un intérêt facile, de fines observations et des portraits de société, un style coulant et clair, et de justes prescriptions de détail, sont tous plus ou moins gâtés par du romanesque, de la sensiblerie factice, de l’appareil théâtral ; et, sous leur première forme, ils ont fait leur temps. On ne peut désormais les réintroduire dans l’enseignement que moyennant révision et correction.

2° Mme de Genlis, quand la Révolution de 89 eut éclaté, ne s’y montra point d’abord contraire ; elle suivit ou peut-être même excita alors les ambitions du duc d’Orléans, et se brouilla ouvertement avec la duchesse. Elle publia dans le sens constitutionnel des Conseils sur l’éducation du Dauphin, et ne craignit pas de livrer à l’impression, sous le titre de Leçons d’une Gouvernante (1791), une partie des Journaux confidentiels qui se rapportaient à l’éducation des enfants d’Orléans, en assaisonnant le tout de réflexions patriotiques à l’ordre du jour. Je reviendrai tout à l’heure sur ces Leçons, où se trouve consignée au naturel toute l’enfance et l’adolescence du roi Louis-Philippe et de sa sœur.

3° Après sa sortie de France et ses voyages à l’étranger, Mme de Genlis, rentrée à l’époque du Consulat, publia, de 1802 à 1813, quelques ouvrages qui tiennent à sa veine sentimentale et romanesque plus qu’à sa veine pédagogique, et dont quelques-uns ont obtenu un vrai succès : les Souvenirs de Félicie, première esquisse agréable, qu’elle a délayée depuis dans ses intarissables