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À LA PRINCESSE

aussi de cette noble Italie, revenez-nous plus Française, plus Parisienne et plus Gratianaise que jamais.

— Quoique j’aie pour habitude de ne guère m’occuper des choses que je ne puis savoir qu’à peu près et où je ne puis rien, cette politique me saisit souvent malgré moi, et j’y rêve ou j’en raisonne. Il me paraît certain que le chef n’est pas fâché qu’on déraisonne en tous sens à ce sujet dans la presse : il a semblé indiquer plus d’une fois, m’a-t-on dit, à ceux qui lui touchent un mot de ces choses, qu’il n’était pas fâché que l’opinion cléricale fût représentée par un journal dans cette question. Il a dit un jour à M. de Persigny, au sujet de la fondation du journal en question et de celui qui le voulait fonder : « Il faut l’accorder ; ce sera bientôt un journal clérical,… et puis, c’est un misérable… il a besoin d’argent. » C’était le geste et le sens, sinon les mots mêmes ; il paraît bien pourtant que le misérable, dans le sens de nécessiteux sans doute, a été lâché.

La situation de la presse est singulière et ridicule. Le chef gardant un parfait silence qui