Page:Sainte-Beuve - Lettres à la princesse.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
LETTRES

qui supprime l’adjoint et qui, après plus de vingt ans de service dans cette administration, ne le condamne pas à s’éterniser dans un magnifique cul-de-sac ?

Le fait est qu’il est dans un abattement profond, n’espérant qu’en vous, ne voulant rien que par vous, ayant à cet égard les sentiments les plus délicats, qu’il m’exprimait d’une manière que j’aurais voulu noter dans les termes mêmes ; il vous doit tout, disait-il, de l’avoir élevé dans un monde qu’il n’eût pas vu autrement, il est votre homme-lige ; le lien de reconnaissance qui l’attache à vous est d’amour-propre — du véritable amour-propre le mieux entendu — autant que de cœur… Il est, lui et les siens, malheureux ; le remède ne peut venir que par vous.

Il ira, dimanche soir, ignorant si j’ai parlé à Votre Altesse. Je livre tout ceci à votre bonté et à cette intelligence qui sait tous les degrés.

J’ai vu hier M. Giraud, toujours garde-malade, mais de sa personne moins fatigué et mieux, ce me semble.

À bientôt, Princesse, à aujourd’hui même, je