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PRÉFACE.

l’ensemble de la langue et la connaissance des significations, connaissance qui n’est donnée que par les origines. Plus on remonte haut, plus on a chance de trouver le sens premier, et, par lui, l’enchaînement des significations. Les textes modernes ont leur tour ; car ils témoignent de l’état présent de la langue ; mais ils sont réservés pour indiquer ce qui leur est propre, c’est-à-dire les nouvelles acceptions, les nouvelles combinaisons, en un mot les nouvelles faces des mots. Ils sont les autorités de l’usage nouveau, comme les autres sont les autorités de l’usage ancien.

Enfin, indépendamment de ces avantages, les exemples ne sont pas sans quelque attrait par eux-mêmes. De beaux vers de Corneille ou de Racine, des morceaux du grand style de Bossuet, d’élégantes phrases de Massillon plaisent à rencontrer ; ce sont sans doute des lambeaux, mais, pour me servir de l’expression d’Horace, si justement applicable ici, se sont des lambeaux de pourpre.

V. REMARQUES.

Sous ce chef, j’ai réuni quelques notions complémentaires qui n’entrent pas d’ordinaire dans les plans lexicographiques, mais qui pourtant ne me semblent pas dénuées d’intérêt et d’utilité.

Sans qu’un dictionnaire puisse jamais devenir un traité de grammaire, il se rencontre de temps en temps des mots qui, par leur nature et par leur emploi, invitent à quelques recherches et à quelques décisions grammaticales. Je n’ai pas voulu me refuser, par le silence et la prétermission, à ces naturelles invitations, et c’est de la sorte que, dans ce dictionnaire, un paragraphe s’est ouvert, sous le titre de Remarques, à des observations de grammaire.

Ces remarques se rapportent essentiellement à des difficultés. En plus d’un cas l’usage est chancelant ; on ne sait ni comment dire, ni, s’il s’agit d’écrire, comment écrire. Les grammairiens se sont beaucoup appliqués à la discussion de ces cas. Il a donc suffi souvent de résumer leurs décisions et de les présenter sous une forme concise. Mais il est arrivé aussi que soit l’examen du fait en lui-même, soit l’abondance des renseignements fournis par les exemples et par l’histoire, ont conduit à modifier leur décision, ou bien à introduire des cas nouveaux auxquels ils n’avaient pas songé. Ces remarques, de leur nature, sont très-diverses. Cepen-