Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 6.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

APPENDICE‘

SUR LES JEUNE FRANCE.

(Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) Le hasard me fait retrouver une Dreuve certaine de l’effarouchement véritable que produisit dans le monde même‘ de Victor Hugo et chez une partie de ses premiers amis l’invasion, en apparence barbare, de ces jeunes recrues et de cette génération romantique toute nouvelle. Un homme d’esprit et d’étude, M. Auguste Le Prevost, l’antiquaire normand, était, ainsi que son compatriote l’aimable poëte UlricGuttinguer, des plus anciens amis littéraires de Hugo, des amis qui dataient de 1824 environ, qui s’étaient ralliésà lui pour tant de belles odes et de jolies ballades, pour ses inspirations du moyen âge et du gothique, pour ses colères et anathèmes contre la Bande noire, etc. Déjà, nous-mêmes, nouveaux venus de 1828, nous les avions bien étonnés un peu ; mais ils nous adoptèrent vite, je puis même dire qu’ils nous acceptèrent d’emblée, et notre amitié n’eut pas de peine à répondre aussitôt a la leur. Ce fut autre chose quand vinrent ce que j’appelle les recrues de 1834-1833, et quand la Bohème de l’impasse du Doyennéapparut à l’horizon. Ulric Guttinguer, un jour qu’il était allé chez l-lugo, Place-Royale, fut très-choqué de la distraction qu’il crut trouver a son égard chez le grand poëte, et de l’attention marquée qu’on témoignait au contraire à