Mais, avant que rien fût ébruité encore, et quand M. Le Maître échappait à peine à sa dernière cause, il s’agissait tout d’abord de lui trouver une retraite. M. de Saint-Cyran le prit quelque temps à son nouveau logis près des Chartreux[1], et il l’engageait même à entrer dans cet Ordre. Plusieurs raisons de santé et autres s’y opposèrent. Voyant cela, madame Le Maître, qui demeurait à Port-Royal de Paris, décida au plus tôt de faire bâtir un petit logis extérieur attenant au monastère, pour y retirer ses fils ; car un frère de M. Le Maître, M. de Séricourt, touché du même coup et dans des circonstances singulières que nous dirons, l’avait imité. On mit grande hâte à cette construction, on revêtit les murailles humides d’ais de sapin pour les rendre habitables, et le logis fut prêt en trois mois : ces messieurs y purent entrer en janvier 1638, le jour de saint Paul, premier ermite. Cependant le Palais venait de se rouvrir ; on y cherchait M. Le Maître, et on ne le découvrait plus : les bruits les plus contraires circulaient. C’est alors que, sur l’avis
- ↑ Il avait quitté son Cloître Notre-Dame pour venir loger dans ce voisinage du Luxembourg, plus à portée de Port-Royal.
effet pour armes une montagne (surmontée d’un chevron et de deux palmes). En France, le prix de ses services fut l’évêché d’Angers : sa sainteté ne date que d’alors. On entrevoit à de certains passages des lettres de la mère Angélique et du docteur Arnauld que jusque-là, et même encore au moment de son sacre épiscopal, on n’était pas très-content à Port-Royal ni très-sûr de ses dispositions pénitentes, et qu’il n’était pas entré dans la réforme intérieure selon Saint-Cyran. Il y vint avec l’âge, ne quitta plus son diocèse, l’édifia, et ne mourut, qu’en 1692, à l’âge de quatre-vingt-quinze ans, fidèle aux principaux traits de la race, solidité, ténacité, sainteté : pourtant de tous ces saints Arnauld, c’est assurément pour nous (comme physionomie) le moins distinct. — Un combat assez vif s’est livré de nos jours autour de sa tombe. Un jeune vicaire d’Angers, l’abbé Pletteau, s’est mis à écrire contre le vieil évêque. Je lis dans un de ces pamphlets (1863): «il employa son épiscopat, qui dura plus de quarante ans, à propager dans son diocèse le Jansénisme et les bonnes mœurs.»