VI
En ce commencement de l’année 1638, M. de Saint-Cyran, logé près des Chartreux, venait à Port-Royal au moins de deux jours l’un : il visitait quelques-unes des religieuses ; il avait l’œil aux occupations et aux thèmes des enfants, il leur commentait chrétiennement (et plus que chrétiennement, je l’espère) leur leçon de Virgile, de ce grand auteur qui s’était damné, disait-il, en faisant de si beaux vers, parce qu’il ne les faisait pas pour Dieu ; il allait entretenir chaque solitaire en particulier dans sa chambre, et il leur faisait lire en commun le traité de saint Augustin, De la véritable Religion, ou les écrits anti-pélagiens du même Père, contre sa maxime ordinaire qui était de ne pas donner des lectures si élevées aux commençants, mais en considération, cette fois, de l’esprit de M. Le Maître