avec Racine, en son élégant Abrégé, que l’ancien Port-Royal eut pour bienfaiteur tout spécial saint Louis, qui donna aux religieuses, sur son domaine, une rente en forme d’aumône dont elles jouirent jusque dans le dix-septième siècle. Le même roi, s’embarquant pour la croisade à Aigues-Mortes (1248), ratifia la donation que Jean comte de Montfort avait faite aux religieuses de Port-Royal de la terre du petit Port-Royal, au lieu des droits qu’elles avaient auparavant sur la forêt de Montfort : c’est Tillemont qui nous l’apprend. Saint Louis, du plus loin qu’on se peut rattacher à lui, est un de ces anneaux précieux qui reluisent trop pour qu’on les omette : on garde ce nom comme un saphir dans son trésor, et on le montre.[1] Le pape Honoré III, par une Bulle de 1223, avait accordé à l’abbaye de grands privilèges, entre autres celui d’y célébrer l’office divin, quand même tout le pays serait en interdit : ce fut l’inverse plus tard, Port-Royal étant
- ↑ Les railleurs du temps de saint Louis (car il y a eu des railleurs de tout temps) relevaient moins magnifiquement ces faveurs qu’il accordait aux Ordres religieux et l’honneur qui lui en revenait :
Ordres le truevent Alixandre ;
Or est Marthe, or est Marie,
Or se garde, or se marie ;
Mais rien dites se bien non,
Li rois ne l’sofferoit mie ;mais n’en dites que du bien ; le roi là-dessus n’entend pas raillerie ! — Voilà la double veine marquée. Celle de la raillerie est courante de Rutebeuf à Henri Estienne, de Montaigne à Bayle, elle traverse Port-Royal au milieu dans Pascal.