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III


Genre d’éloquence de M. Arnauld l’avocat ; emphase. — Ce qu’en racontent Tallemant et d’Andilly, — et Pierre Mathieu. — Le duc de Savoie au Parlement ; plaidoirie de M. Arnauld. — Son discours pour l’Université contre les Jésuites ; son désintéressement. — M. Arnauld et M. Marion honnêtes gens et chrétiens, mais selon le monde ; diplomatie pour les Bulles. — Petite supercherie jésuitique des Arnauld. — La jeune Angélique, coadjutrice de Port-Royal, élevée à Maubuisson par la sœur de la belle Gabrielle.


M. Arnauld l’avocat devint donc le gendre de M. Marion en 1585. Son éloquence, ai-je dit, était célèbre ; elle était réelle, puisque tous les contemporains l’ont attestée, et que l’éloquence a une part vivante, actuelle, qui est dans son effet même et ne saurait mentir. Il paraissait éloquent de son temps, donc il l’était à beaucoup d’égards. Il avait pour le moins le souffle, le flumen, c’est quelque chose. Mais si l’éloquence a une autre partie solide et durable qui mérite d’intéresser tous les âges, il ne l’avait pas. On a dit, dans l’âge suivant (un satirique, il est vrai, Tallemant), que c’était un homme à lieux communs, qu’il avait je ne sais combien de volumes de papier blanc où il faisait coller par le