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PORT-ROYAL

M. de Saci avait dans sa poche la Préface manuscrite du Nouveau-Testament (de Mons), quand on l’arrêta, et aussi quelques lettres de direction de conscience. Celles-ci furent le plus grave de la capture. Il y en avait plusieurs adressées à M. de Gournai, d’autres à M. de l’Eau, d’autres à M. le Clerc, — « Quels sont ces noms ? quels sont ces Messieurs ? » — « C’est moi, toujours moi, » répondait M. de Saci. — « Cela sent bien la cabale, » disait le magistrat. — « Cela sent la précaution, répliquait fermement le prisonnier, et l’état où je suis montre qu’elle n’a pas été encore assez grande. Si, au lieu de quatre noms, j’avois pu en prendre huit et me sauver, j’aurois bien fait. »

Fontaine avait copié de sa plus belle écriture, en lettres d’or sur vélin, quatre vers du bonhomme Gomberville sur la retraite de M. de Pontis :

Loin de la Cour et de la guerre,
J’apprends à mourir en ces lieux....

Mais la première lettre, L de loin, était restée en blanc, parce qu’on la devait peindre. Le Lieutenant civil hésita : il allait en faire Foin de la Cour ! et matière à soupçon de lèse-majesté. On réussit, d’un mot, à le convaincre.

Nous avons un pendant de l’interrogatoire de M. Le Maître par Laubardemont. Ce n’était point un Laubardemont pourtant que ce Lieutenant civil, M. Daubray, assez bon homme, qui avait le malheur d’être le père de la Brinvilliers : dont il mourut (poison ou chagrin), environ deux mois après.


    tout à fait lié ; que, dans celles de religieuses, il y a des confessions par lettres dont on demandoit l’absolution, avec des hosties consacrées. » C’est-à-dire qu’elles demandaient qu’on leur envoyât, incluses dans la lettre d’absolution, des hosties toutes consacrées, absolument comme aujourd’hui (sauf respect) on enverrait des timbres-poste. On ne dit nullement que M. de Saci y ait consenti.